Nouvelles. Exposition sur la sculpture au Château de Púbol

Púbol, le 23 Mars, 2015

1. Présentation

Cette année, l'exposition temporaire de Púbol est consacrée à la sculpture de Salvador Dalí et porte pour titre Buste de femme rétrospectif. Elle sera visible dès demain et jusqu'au 6 janvier 2016. C'est la première fois que la Fondation Dalí organise une exposition dédiée à la sculpture.

2. Objet et contenu

L'exposition se compose de la sculpture intitulée Buste de femme rétrospectif, soit l'exemplaire de bronze de 1976-77 qui est exposé au Théâtre-musée Dalí de Figueres, ainsi que de 16 photos d'auteurs tels que Man Ray, Brassaï, André Caillet, Carl Van Vechten ou Eric Schaal, de 3 livres, de 2 revues et d'un catalogue d'exposition.

La pièce est un buste de bronze auquel ont été associés différents éléments par la technique de l'assemblage : une baguette de pain, deux épis de maïs, des plumes, un zootrope ou bande de papier peint, un encrier avec des figurines de l'Angélus, deux plumes et du sable.

L'exposition Buste de femme rétrospectif renvoie à une des premières sculptures-objet de Salvador Dalí, datée de 1933. Il s'agit d'un des objets surréalistes majeurs de cette époque, fort apprécié du milieu surréaliste comme le montre le fait qu'André Breton l'ait choisi pour illustrer le chapitre correspondant de son livre What is Surrealism? en 1936. Dalí, une fois de plus, contribue au surréalisme de manière provocante, avec des objets qui font appel au désir, au sexe et à la perturbation. Au-delà de la pertinence conceptuelle et de l'analyse iconographique de l'objet surréaliste, on cherche à traiter ici son propre processus de création. Après une première approche du concept général d'objet surréaliste et d'objet à fonctionnement symbolique, ce sont les caractéristiques de la sculpture originale de Dalí qui sont abordées. Ce parcours aide à mieux comprendre la sculpture dalinienne et, en particulier, le fait que des œuvres conçues à l'origine comme uniques aient été transformées des décennies plus tard, selon la volonté expresse de l'artiste, en éditions originales tirées à plusieurs exemplaires.

Dans La vie secrète, Dalí définit lui-même l'objet surréaliste par ces mots : « [...] déconcertants pour l'époque, mais grâce auxquels les gens n'avaient plus à se limiter à évoquer leurs phobies, leurs manies, leurs sentiments et leurs désirs, et pouvaient désormais les toucher, les manipuler et les faire fonctionner de leurs propres mains ».

3. Espaces

L'exposition se divise en trois espaces, dont l'un comprend la vitrine avec le buste :

a) L'objet avant l'objet : ce chapitre nous ramène avant 1933. Grâce à des photos, nous avons localisé certains des éléments qui, plus tard, allaient participer du montage. Au sujet du buste de porcelaine, Dalí explique qu'il l'a trouvé dans un salon de coiffure. Il s'agissait probablement d'une tête-mannequin pour exposer des perruques en vitrine.

b) La vie d'une œuvre originale unique : cette section propose une chronologie de l'objet surréaliste dès sa création, en 1933, à ce jour, et elle en illustre la métamorphose progressive. À chaque présentation, Dalí modifiait les attributs de cette pièce et, souvent, en changeait le titre ; il ne la concevait pas comme une œuvre finie, mais en faisait des versions éphémères. On la retrouve même dans une exposition monographique de Dalí, en 1970 au Museum Boijmans Van Beuningen de Rotterdam ; pour finir, le MOMA de New York l'acquiert en 1992.

c) L'édition originale de l'objet surréaliste : on y explique comment, dans les années 70, Dalí fait fabriquer des pièces uniques des années 30 en édition limitée (8 exemplaires et 4 épreuves d'artiste) et, généralement, en bronze. La pièce que nous montrons aujourd'hui est un exemplaire que Dalí a personnalisé pour l'exposer de manière permanente au Théâtre-musée de Figueres et dont il a entièrement conçu l'installation environnante. D'une certaine manière, il en a fait à nouveau une pièce unique. À l'époque, Dalí joue avec la dichotomie œuvre unique/œuvre de série, afin de désacraliser la valeur de l'œuvre unique.

4. Montage

Le montage de l'exposition est l'œuvre de Pep Canaleta, de 3carme33, et le graphisme celle d'Alex Gifreu. Ils se sont inspirés des montages des expositions des années 20 et 30 consacrées au surréalisme et à l'avant-garde. Pour la pièce centrale, le buste, on reprend la présentation initiale de la pièce, à la galerie Pierre Colle, à Paris, en 1933.

5. Objectifs

a) Faire connaître l'œuvre sculpturale de l'artiste. On peut en voir un bel éventail, en permanence, au Théâtre-musée Dalí de Figueres, mais aussi au travers de divers objets et installations présents dans les maisons-musée de Púbol et Portlligat.

b) Il s'agit-là d'un pas nécessaire dans le travail de catalogage intégral de la sculpture. À cet égard, la Fondation Dalí a publié des directives pour définir et classer la sculpture originale ou légitime de l'artiste, qui est moins connue que la peinture, mais non moins importante pour autant.

c) Documenter le processus de création de sculpture de Salvador Dalí en général et de cette œuvre en particulier. Les photographies, qui proviennent pour la plupart des archives de la Fondation Dalí, mais aussi les recherches effectuées auprès d'autres sources, ont permis de mieux connaître certains aspects du travail de Dalí qui nous seraient restés inconnus sans cela. Nous savons aujourd'hui que Dalí concevait ses sculptures des années 1930 sans autre intention que celle de créer des objets surréalistes et que, des années plus tard, il fit fabriquer en séries limitées nombre de pièces qui, au départ, étaient uniques.