Nouvelles. Exposition de Stéréoscopies au musée Dalí

Figueres, le 15 Décembre 2016

Vernissage de l'exposition temporaire Dalí. Stéréoscopies. La peinture en trois dimensions

Le vernissage d'une nouvelle exposition temporaire s'est tenu au Théâtre-musée Dalí de Figueres. Elle s'intitule Dalí. Stéréoscopies. La peinture en trois dimensions et sera visible à partir d'aujourd'hui et pendant l'année 2017. C'est la quatrième exposition temporaire de l'année. Elle comprend six paires d'œuvres stéréoscopiques et des dispositifs pour observer l'effet tridimensionnel.

Conception et contenu

Salvador Dalí était un artiste d'une insatiable curiosité, toujours en quête de nouveautés techniques susceptibles d'être associées à ses créations. Dès le milieu des années 60 et au long des années 70, il s'intéresse surtout à l'image virtuelle et à la profondeur. Ce moment coïncide avec la préparation, puis l'inauguration du Théâtre-musée. De fait, le peintre n'hésite pas à consacrer quelques-uns de ses espaces aux phénomènes optiques : anamorphose, stéréoscopie et holographie. À la fin du parcours muséal, la salle nº 19, celle des Illusions d'optique, recrée le résultat des études du peintre dans ce domaine. À compter d'aujourd'hui, nous destinerons une exposition temporaire (salle 22) aux œuvres stéréoscopiques, afin de les montrer d'une manière différente, plus actuelle, en tentant de reproduire un certain esprit artisanal dalinien.

Dans la salle nº 22, nous présentons six paires d'huiles stéréoscopiques : Dalí de dos peignant Gala de dos, éternisée par six cornées virtuelles provisoirement réfléchies dans six vrais miroirs, vers 1972-73 ; Le pied de Gala, vers 1975-76 ; Sans titre. D'après « Les Ménines » de Velasquez, vers 1975-76 ; La structure de l'ADN, vers 1975-76 ; La main de Dalí retirant une Toison d'or en forme de nuage pour montrer à Gala l'aurore toute nue très très loin derrière le soleil, 1977-78 ; Dalí soulevant la peau de la mer Méditerranée pour montrer à Gala la naissance de Vénus, 1978.

Les innovations techniques dans le domaine de l'optique passionnent le peintre, au même titre que les découvertes en matière de biologie liées à l'univers des mathématiques. Pas étonnant, dès lors, que fin 1964 Dalí fasse des recherches autour de la corne de rhinocéros et les courbes logarithmiques qui en dérivent. Il étudie aussi la structure des yeux de mouches, ce qui l'amène à affirmer que, grâce à cette recherche, il a découvert la peinture dans la troisième dimension, « totalement stéréoscopique ».

Le fruit de ces études, les diptyques peints dans les années 70 nous l'offrent. Le catalyseur en ont été les œuvres de Gerrit Dou (1613-75). Entre 1970 et 1971, à la faveur d'une exposition parisienne comprenant des œuvres du peintre hollandais, Dalí découvre que Dou avait fait des doubles de ses toiles. Selon Antoni Pitxot, précédent directeur du Théâtre-musée, Dalí était convaincu qu'il s'agissait, non pas de simples copies, mais de toiles à contempler ensemble. En les étudiant de près, Dalí allait constater qu'elles n'étaient pas tout à fait semblables et présentaient de très légères différences.

À un moment donné, Dalí achète deux œuvres de Dou : La visite du médecin (1650-55) et La fileuse (1660-65), également connue sous le titre Portrait de la mère de Rembrandt. Le peintre décide de les exposer dans la Salle des chefs d'œuvre du Théâtre-musée Dalí. Dans un numéro du Setmanari Artístic Mar Empordanesa (1976), Dalí fait référence à ces pièces et se demande si l'une d'elles, La fileuse, est une réplique ou une épreuve stéréoscopique appariée à celle qui se trouve à l'Ermitage. De fait, l'artiste insiste sur la question en expliquant le contenu du musée, quand il précise dans le Setmanari que l'on trouvera dans la Salle des chefs d'œuvre « 2 Gérard Dou, 2 probables expériences stéréoscopiques ».

L'étude de l'œuvre de Dou et de la technique stéréoscopique l'amène à déduire que le peintre hollandais se servait de lentilles spéciales et de miroirs pour créer une seule peinture stéréoscopique (sans doute avec l'aide de Van Leeuwenhoek, un des précurseurs de la microscopie moderne), et qu'à ce titre il est donc l'initiateur de cette technique.

Mais qu'est-ce donc que la stéréoscopie ? C'est le résultat de la vision de deux images à plat d'un même objet, prises de points de vue différents. Quand chaque œil regarde une des images, le cerveau en fait la somme et il en résulte une sensation de profondeur. À partir de ce principe, Dalí exécute des toiles doubles, où il représente une image presque identique, depuis des points focaux divergents, pour produire des effets de troisième dimension dans l'œil des spectateurs. Pour obtenir un effet de relief parfait, Dalí déplace légèrement le centre de chaque image par rapport au regard du spectateur ; il ne s'agit jamais, par conséquent, de deux copies identiques. De fait, les couleurs des images changent, parfois de façon assez évidente. La composition qui en résulte se forme dans le cerveau, avec les caractéristiques d'une image en trois dimensions, comme celles que popularisent de nos jours les jeux et les projections virtuelles.

Au Théâtre-musée, dans la salle 19, sont exposées en permanence des photos de plusieurs œuvres stéréoscopiques de Dalí, avec un montage de miroirs qui permet d'observer l'effet tridimensionnel. Pour voir le relief, il suffit d'approcher le nez de la vitrine, au centre de l'arête des deux miroirs. En revanche, dans la salle 22, où nous présentons cette exposition temporelle, des dispositifs ont été installés près de chaque paire d'œuvres stéréoscopiques pour pouvoir en apprécier la tridimensionnalité. Ces dispositifs se composent de lunettes et d'un écran de téléphone portable, éléments habituels des projets de réalité virtuelle. Nous avons adapté du xxie siècle les mécanismes que Dalí proposait dans les années 70 pour visualiser ses œuvres stéréoscopiques.

Selon Antoni Pitxot, quand Dalí préparait ces travaux stéréoscopiques, un des aspects qui le fascinaient le plus était la possibilité d'échapper à l'ordre et aux limites imposées par les règles de l'expérimentation optique, et de pouvoir ainsi créer de nouvelles illusions. C'est également l'objectif que la Fondation cherche à atteindre avec cette exposition, qui a pour commissaire

Montse Aguer, directrice des Musées Dalí, et pour coordinatrice Carme Ruiz, du Centre Études Daliniennes.

Montage

Le montage de l'exposition a été conçu par Pep Canaleta de 3carme33 et le graphisme par Alex Gifreu. L'image projetée dans les dispositifs est l'œuvre de DocDoc Films.