Autoportraits

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Dans l'histoire de l'art, il est arrivé à tous les artistes de se peindre au moins une fois. Dalí ne fait pas exception. Les autoportraits sont des œuvres particulièrement intéressantes en ce qu'ils révèlent une intention de l'artiste : offrir de soi-même une image. Ils sont une tentative d'auto-affirmation, personnelle aussi bien qu'artistique.

Dans l'histoire de l'art, il est arrivé à tous les artistes de se peindre au moins une fois. Dalí ne fait pas exception. Les autoportraits sont des œuvres particulièrement intéressantes en ce qu'ils révèlent une intention de l'artiste : offrir de soi-même une image. Ils sont une tentative d'auto-affirmation, personnelle aussi bien qu'artistique. L'exposition présentée aujourd'hui offre l'occasion de voir quelques-uns des autoportraits que Dalí a exécutés au cours de sa vie, notamment : Autoportrait au cou de Raphaël, vers 1921 ; Autoportrait, vers 1921 (The Salvador Dalí Museum, Saint Petersburg) ; Autoportrait avec « L'Humanité », 1923 ; Autoportrait se dépliant en trois, 1926-27 ; Soft self portrait, 1941, et l'œuvre stéréoscopique en deux éléments Dalí de dos peignant Gala de dos éternisée par six cornées virtuelles provisoirement réfléchies dans six vrais miroirs, 1972-73.

On trouve des autoportraits dans l'œuvre du peintre dès la première époque. Ceux de l'adolescence montrent un Dalí dans une attitude distante envers ses camarades, mais désireux à la fois de les impressionner, eux et le public en général ; faire impression, voire même provoquer. Comme les autres adolescents, il cherche dans l'habillement un moyen d'affirmer sa personnalité : il se laisse pousser les cheveux et les favoris, et s'habille avec extravagance. Lui-même, dans son autobiographie La vie secrète, explique le sens de ses autoportraits les plus connus : « Je m'étais laissé pousser les cheveux et les portait longs comme une fille ; devant le miroir, j'adoptais souvent des poses et l'attitude mélancolique de Raphaël, auquel j'aurais tant aimé ressembler. J'attendais aussi avec impatience que des poils me poussent sur le visage pour pouvoir me raser et porter des favoris bien longs. J'aspirais à me donner aussi vite que possible un "aspect insolite", à composer un chef-d'œuvre avec ma tête ». Et il poursuit par ces mots : « J'avais acheté un large chapeau de feutre noir et une pipe que je ne fumais jamais, mais qui pendait en permanence à un coin de ma bouche. Fatigué des pantalons longs, je décidai d'en porter des courts, avec des chaussettes et, parfois des bandes molletières. Les jours de pluie, j'endossais un imperméable que j'avais apporté de Figueres, si long qu'il touchait presque terre. Avec cet imper, je portais le grand chapeau noir, d'où je laissais s'échapper de chaque côté des cheveux semblables à du crin. Aujourd'hui, je me rends compte que ceux qui firent alors ma connaissance n'exagèrent nullement quand ils disent que mon aspect était "fantastique". Il l'était vraiment. Chaque fois que je quittais ma chambre ou que j'y rentrais, des queues de curieux se formaient pour me voir passer. Et je passais mon chemin, la tête haute, bouffi d'orgueil ».

Ainsi, avec Autoportrait au cou de Raphaël a-t-on un Dalí qui regarde le spectateur droit dans les yeux, presque avec sévérité. Comme le titre le laisse clairement entendre, cette toile est un hommage à un de ses peintres favoris, Raphaël, dont il connaissait fort bien le propre autoportrait, puisqu'il est reproduit au frontispice de l'ouvrage consacré à cet artiste dans la collection Gowans, collection que Dalí possédait dans son intégralité.

L'Autoportrait de 1921 appartenant à la collection de la Fundació Gala-Salvador Dalí et celui que conserve The Salvador Dalí Museum de Sant Petersburg (vers 1921) ont en commun de montrer l'artiste de profil, le regard tourné vers nous, encore que l'un de ses yeux soit dissimulé. Ceci dit, bien que permettant une magnifique étude de la lumière et des clairs-obscurs, il ne peut cacher une certaine arrogance, pour ne rien dire des connotations iconographiques de l'œil au long de l'histoire de l'art et dans l'œuvre de Dalí.

Avec Autoportrait avec « L'Humanité », Dalí se peint en vêtements d'ouvrier, manière de manifester une attitude rebelle et provocatrice, près d'un collage du quotidien communiste L'Humanité, qui semble attester son admiration déclarée pour l'idée révolutionnaire. L'huile date de 1923, mais la coupure de journal collée sur le carton est du 24 juillet 1928. L'influence de Rafael Barradas y est manifeste, tant par les structures géométriques rectangulaires du fond de l'atelier que par le journal lui-même ou le schématisme des traits du dessin : sourcils, yeux et favoris.

Durant la seconde moitié des années 20, à partir de la visite qu'il rend à Picasso en 1926, occasion de contempler les dernières toiles cubistes du peintre de Malaga, Dalí modifie radicalement sa peinture. De cette époque date Autoportrait se dépliant en trois. En 1962, à propos de cette toile, Dalí dit ceci : « Peindre un autoportrait trinitaire. Le peintre doit avoir trois yeux ; ce troisième œil est aujourd'hui confirmé par le monocle électroculaire ». Les deux autoportraits qui ferment l'exposition sont très célèbres : Soft self portrait, également appelé Autoportrait mou avec lard grillé, et le stéréoscopique Dalí de dos peignant Gala de dos éternisée par six cornées virtuelles provisoirement réfléchies par six vrais miroirs.

Dalí définit l'Autoportrait mou comme un autoportrait antipsychologique ; en effet, au lieu de peindre l'âme, c'est-à-dire, l'intérieur, il peint uniquement l'extérieur, l'enveloppe, « le gant de moi-même ». Ce gant est comestible, voire même légèrement moisi, ce qui explique la présence des fourmis accompagnées de lard. Avec cette peinture, il se considère comme le peintre le plus généreux qui soit puisqu'il s'offre en pâture, « nourrissant ainsi notre époque de manière succulente ». Quant à Dalí de dos peignant Gala de dos éternisée par six cornées virtuelles provisoirement réfléchies par six vrais miroirs, toile stéréoscopique composée de deux éléments, exécutée par le peintre entre 1972 et 1973, c'est un exemple des nombreuses expériences faites par Dalí dans les années 70 avec la stéréoscopie. À l'instar de l'œuvre de son cher Vélasquez, Les Ménines, Dalí apparaît en train de peindre un portrait de Gala, l'image de l'un et de l'autre se reflétant dans un miroir.

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