Nouvelles. Dalí à New York

New York, le 24 Juin 2008

Le musée d’Art Moderne de New York (MOMA) présente l’exposition Dalí, Paintings & Films, que l’on a vu du 1er Juin au 9 septembre dernier à la Tate Modern (Londres), du 14 octobre 2007 au 6 Janvier 2008 au LACMA (Los Angeles) et au musée Dalí de Saint Petersburg (Floride) du 1er Février au 1er Juin. Dans le prestigieux musée de New York elle y sera du 29 Juin jusqu’au 15 septembre 2008, dernier siège de cette exposition de recherche.

Du côté de la Fondation Dalí, son Président, Ramon Boixadós, la directrice du Centre Études Daliniens, Montse Aguer, et son gérant, Joan Manuel Sevillano, ont participé de l’inauguration. Du côté du MOMA, son directeur, Glenn D. Lowry, les conservatrices Jodi Hauptman (Dpt. Déssin) et Anne Morra (Dpt. Cinéma) ont pris partie. Une grande représentation du Patronat de ce musée américain a aussi participé de l’événement.

L’exposition explore la relation de Salvador Dalí avec le cinéma au travers, non seulement de ses incursions dans le septième art, mais aussi de toiles, de dessins, de photos et de manuscrits. Elle analyse en quoi l’intérêt de Dalí pour le cinéma (en qualité d’amateur, de scénariste, de réalisateur et de cinéaste) a été fondamental eu égard à son engagement avec tout ce que représentait la modernité, et en quoi il a profondément marqué les différentes étapes de sa carrière. Dalí est tenu pour l’un des artistes les plus provocateurs du XXe siècle, et ses toiles sont considérées comme quelques-uns des chefs-d’œuvre des cent dernières années. Ainsi que l’éclaire cette exposition, ses collaborations avec Luis Buñuel, Alfred Hitchcock et Walt Disney se sont matérialisées par quelques-unes des séquences les plus mémorables et prenantes du cinéma, qu’il soit d’avant-garde comme de caractère plus conventionnel.


L’exposition rassemble une centaine de pièces (peintures, dessins, photos et manuscrits). Y sont également projetés des films et des projets tels que Un chien andalou (1929), L’âge d’or (1930), Spellbound (1945), Destino (1946), Chaos and Creation (1960), filmé en vidéo, et Impressions de l’Alta Mongòlia (1976).


Dalí appartenait à la première génération d’artistes pour lesquels le cinéma était aussi bien un vecteur éducatif qu’un instrument de création. Au long de sa carrière, et par diverses sortes de moyens, il a fréquemment fait allusion aux éléments du cinéma : sa nature, l’engouement qu’il suscitait, la structure narrative, les techniques telles que les apparitions / disparitions, etc. Une série de dessins de la première époque sur la vie madrilène nocturne, dans les années 1922-1923, illustre par exemple l’admiration que lui inspirait l’esthétique très imagée des films expressionnistes muets de l’époque.


Des œuvres postérieures comme Le grand masturbateur (1929) et Guillaume Tell (1930) révèlent son intérêt pour créer des éléments capables de se décomposer en d’autres images, ce qui coïncide avec ses premières collaborations cinématographiques, notamment dans les films dont il a cosigné le scénario avec le cinéaste espagnol Luis Buñuel en 1929-1930 : Un chien andalou et L’âge d’or. Certaines toiles, comme le Cannibalisme d’automne (1936) et La métamorphose de Narcisse (1937), témoignent de l’habileté de Dalí à introduire du mouvement dans une œuvre picturale. Des œuvres comme Portrait du Colonel Jack Warner (1951) et Portrait de Laurence Olivier dans le rôle de Richard III (1955) montrent comment l’idée et les techniques du cinéma cessent d’être une influence pour devenir une thématique dans son œuvre, à un moment où l’artiste tente de réaliser ses propres films.


De la même manière qu’il y a des similitudes entre ses films et le cinéma, il y a dans ses collaborations au grand écran des analogies avec la perspective fantastique qu’il avait d’autres mondes. Un chien andalou et L’âge d’or sont tous deux marqués par la vive imagination de l’artiste et par son intérêt pour les théories freudiennes qui passionnèrent le surréalisme, en particulier l’étude des rêves et du subconscient. Il y a dans ces films des images ahurissantes – le couteau qui coupe un œil en deux ou la main grouillante de fourmis – que l’on retrouve en miroir dans les éléments anatomiques angoissants de toiles de l’époque telles que Appareil et main (1927) et Chair de poule inaugurale (1928).


Hollywood appela Dalí, et il y dépassa les limites des films d’avant-garde. Durant son exil aux États-Unis, pendant la Seconde Guerre Mondiale, il prit part à de grandes productions. Sa vision onirique du monde convenait parfaitement à l’industrie du cinéma des années 40 et à l’écran de cinéma, où il était possible de donner forme à l’imaginaire dalinien à l’intention du grand public. Dalí en profita pour collaborer sur Moontide, de Twentieth Century Fox (mais finalement sa séquence fut coupée au montage), sur Spellbound (La maison du docteur Edwardes, en version française) d’Alfred Hitchcock, et sur Destino des studios Walt Disney, un film de dessins animés qui a été achevé en 2003. La fameuse séquence du thriller de Hitchcock transpose à l’écran, à grande échelle, l’inquiétant univers de toiles contemporaines telles que Idylle atomique et uranique mélancolique. Dans l’ensemble, toutefois, Dalí n’eut guère de succès avec ces projets. On restreignit son rôle à de petites interventions liées à des fantaisies et des cauchemars. Pour autant, Dalí a exercé une grande influence à Hollywood et il en reste quelques traces dans la séquence du cauchemar du film de 1950 intitulé Le père de la mariée, ainsi que l’esthétique hallucinatoire de Voyage fantastique, de l’année 1966.

Crédits
Dalí, Paintings & Films a été organisée en collaboration par la Tate Modern (Londres), la Fondation Gala-Salvador Dalí (Figueres) et le musée de Los Angeles (LACMA). Elle bénéficie du soutien de Turespaña. Pour le catalogue, un groupe d’experts a été réuni : Dawn Ades (commissaire de l’exposition anthologique du centenaire), Montse Aguer (directrice du Centre d’études daliniennes, de la Fondation Gala-Salvador Dalí, et membre du patronat de cette institution), Fèlix Fanés (commissaire de l’exposition Dalí. Culture de masses) et Matthew Gale (conservateur de la Tate).