Nouvelles. Acquisition de dessins, manuscrits et photos de Dalí

Figueres, le 7 Juin 2010

La Fundació Gala-Salvador Dalí a présenté aux médias des dessins, des manuscrits et des photographies, dont certains inédits, qu’elle a acquis ces deux dernières années. Ces documents, qui sont tirés du fonds du Centre d’études daliniennes, contribuent à l’approfondissement de l’étude de la trajectoire artistique et vitale de Salvador Dalí et font l’objet d’une recherche interne.


L’objectif de la politique d’acquisitions de la Fondation est que le musée de Figueres reste la pièce fondamentale pour appréhender l’évolution picturale, la pensée et la vie de Salvador Dalí.

Les achats de la Fondation recouvrent non seulement l’œuvre picturale mais encore les documents d’ordre divers, le Centre d’études daliniennes ne cessant en effet d’acheter des livres et des revues et, plus rarement et en moindre quantité, des photos, des brochures et des manuscrits. Les achats se font généralement auprès de maisons de ventes aux enchères ou de collections privées, et avec des fonds générés exclusivement par la Fondation Dalí elle-même. Ces deux dernières années, la Fondation a investi plus de 400 000 Euros dans ce type de documentation, un matériel qui n’a peut-être pas le caractère spectaculaire des peintures du Maître, mais sert à approfondir l’étude de toutes les facettes artistiques de Salvador Dalí. Ce genre de documents facilite non seulement le travail quotidien du Centre d’études, mais encore celui des spécialistes du peintre qui viennent le consulter.


Les pièces qui ont été montrées lors de la conférence de presse sont des œuvres originales, inédites pour la plupart, essentiellement des dessins, des manuscrits et des photos.

Un des dessins inédits nous renvoie aux contes que Dalí inventait pour amuser sa sœur (1916-17), alors convalescente. Il s’agit d’une vignette pour une éventuelle histoire en images ou une bande dessinée.

De 1926, c’est une lettre inachevée de Salvador Dalí à Luis Buñuel que la Fondation a acquise lors d’une vente aux enchères. Ce sont 8 pages manuscrites où le peintre explique sur quoi il travaille et raconte les dernières nouvelles : le texte sur Saint Sébastien qu’il doit publier prochainement, son séjour à Cadaqués et un épisode vécu à Madrid. Il lui annonce qu’il a été définitivement renvoyé de l’École des Beaux-arts de San Fernando et qu’il entamera son service militaire à l’automne. Une partie du manuscrit est écrite sur du papier à lettres de l’étude de notaire paternelle.

La Fondation a acquis par ailleurs un ensemble de dessins, de manuscrits et de premières éditions de livres liés à la période surréaliste de Dalí. Ces documents sont des objets d’art en soi, des objets de grande valeur que l’on peut qualifier d’exceptionnels en raison de leur contenu :


1) Document relié contenant un exemplaire de l’édition française du poème de Salvador Dalí « Métamorphose de Narcisse » (1937) et deux pages de brouillon de ce même texte. L’ancien propriétaire avait fait relier deux autres pages manuscrites. Il y a également les brouillons de deux articles du peintre publiés dans des revues du groupe surréaliste. Le premier est un fragment de l’article publié dans Minotaure (juin 1933), « Interprétation paranoïaque-critique de l’image obsédante, "L’Angélus" de Millet », et le second une série d’idées pour l’article « Les idées lumineuses "Nous ne mangeons pas de cette lumière-là" » publié dans L’usage de la parole (février 1940). Ces manuscrits sont accompagnés de dessins fort intéressants : trois études préparatoires pour l’huile Métamorphose de Narcisse (1937), provenant de la collection de la Tate Modern de Londres et que l’on a pu voir au Théâtre-musée Dalí à l’automne 2008, et, en outre, un ensemble de dessins à thématique érotique, également de la même décennie.


2) Document relié sous parchemin qui comprend l’exemplaire nº4 de l’édition française de « Ode à Salvador Dalí » de Federico García Lorca, publiée en 1938 par la maison d’édition GLM. Il est accompagné de trois pages manuscrites (le poème traduit) sûrement de la main de Paul Éluard, qui, avec Louis Parrot, signe la traduction. On y trouve de plus de magnifiques dessins, dont notamment deux études pour l’huile de 1931 intitulée La vieillesse de Guillaume Tell.


3) Document, également relié. Il s’agit d’un exemplaire du livre de René Crevel Dalí ou l’anti-obscurantisme (1931), qui avait appartenu à la bibliothèque de Paul Éluard, tel que l’indique la dédicace de l’auteur au poète. Il inclut en outre un dessin daté de 1923, une petite étude pour l’œuvre Construction molle avec haricots bouillis (Prémonition de la guerre civile) (vers 1936) et le brouillon d’une lettre, vraisemblablement adressée à André Breton, où Dalí explique la thèse de son prochain article consacré à l’objet.


4) Ce dernier, qui date également des années 30, a été acheté dans une vente aux enchères. Il s’agit du scénario d’un spectacle, qui finalement n’a pas été monté, basé sur l’un des thèmes de réflexion capitaux du peintre à l’époque : L’Angélus de Millet. Le scénario est accompagné de dessins préparatoires de grand intérêt, avec les descriptions de certaines scènes et d’une des toiles de fond du spectacle. Il y a également une lettre, dont nous ignorons le destinataire, où Dalí parle des difficultés techniques que pose la réalisation de l’œuvre.

Enfin, signalons un ensemble de photos, pour la plupart inédites, qui complètent la collection d’instantanés des années 30, en pleine époque surréaliste.