Nouvelles. Elles photographient Dalí, exposition au Château de Gala à Púbol

Púbol, 14 Mars 2018

Aujourd'hui, l'exposition temporaire du Château de Púbol a été inaugurée, ayant par tître Elles photographient Dalí. Elle sera visible du 15 mars 2018, date de réouverture du Château, au 6 janvier 2019.

En représentation de l'institution, étaient présentes la directrice des Musées Dalí, Montse Aguer, et les commissaires de l'exposition, Rosa M. Maurell et Bea Crespo, du Centre d'études daliniennes. La direction scientifique du projet a été assurée par Montse Aguer. L'exposition bénéficiant de la collaboration de la fondation bancaire "la Caixa", était également présent en son nom le directeur du département Culture, Ignasi Miró.

Cette année, l'exposition temporaire de Púbol, Elles photographient Dalí, aspire à rendre visibles les travaux de quatorze femmes modernes, voyageuses et libres, qui ont choisi la photographie comme moyen d'expression et ont Salvador Dalí pour dénominateur commun. Le parcours de l'exposition permet d'approfondir une part représentative de la biographie de Dalí et le binôme indissociable vie et œuvre, personnage et représentation.

Composée de 48 photos, l'expo se complète d'une section documentaire rassemblant des livres, des revues et des coupures de presse autour des photographes et des travaux exposés. On trouve également dans cette section un extrait d'une interview vidéo de Suzy Embo, qui évoque ses rencontres avec Salvador Dalí et ses expériences en tant que femme photographe.

La sélection soignée des images constituant l'expo, apanage de la collection de la Fondation Dalí, met une fois de plus en relief la qualité et la richesse du fonds dont celle-ci a la garde. C'est la première fois que le Château de Púbol consacre une exposition temporaire aux femmes qui ont photographié l'artiste.

Changement d'approche

Salvador Dalí a été l'objet et le sujet actif de nombreux travaux liés au milieu photographique. Souvent, nous associons les représentations les plus iconiques de l'artiste avec les grands auteurs qui ont fait l'histoire de la photo du xxe siècle. Nous pensons à Man Ray, Cecil Beaton, Philippe Halsman ou Erich Schaal et, à l'échelle nationale, Juan Gyenes, Xavier Miserachs ou Francesc Català-Roca. Indubitablement, le poids et l'éclatante visibilité de ces photographes, dont le talent ne saurait être discuté, ont fait de l'ombre aux femmes qui, elles aussi, ont su saisir l'artiste à travers l'objectif et, en raison de la qualité de leurs travaux, méritent d'être considérées et étudiées dans une analyse inclusive.

Concept et contenu de l'exposition

L'exposition accueille un riche ensemble de travaux qui retracent chronologiquement l'évolution de l'image de Salvador Dalí et mettent en relief la multiplicité de points de vue des auteures représentées. En premier lieu, à l'occasion de l'année où Gala doit faire l'objet de l'exposition dont Estrella de Diego sera la commissaire, au Musée national d'art de Catalogne (MNAC), nous voulons attirer l'attention sur le versant créatif de Gala qui, en l'occurrence, s'érige en tant qu'auteure d'un magnifique et fort intime ensemble photographique. Pour la première fois, nous découvrons Salvador Dalí au travers du regard de sa muse.

Dans le domaine du portrait, citons tout spécialement, pour leur beauté et leur composition, les photos prises par des femmes proches de Salvador Dalí, comme l'artiste Valentine Hugo, la mécène Anna Laetitia Pecci-Blunt et l'éclectique Gloria Braggiotti. Ainsi que les portraits de photographes consacrées comme Martha Holmes ou Liselotte Strelow. Pour leur part, Lies Wiegman et Suzy Embo nous renvoient une image moins connue de Salvador Dalí et le montrent plongé dans le travail et faisant abstraction de l'appareil.

En ce qui concerne les photoreportages, se distinguent surtout, pour leur valeur documentaire et esthétique, les photos prises par Denise Bellon autour de l'Exposition Internationale du Surréalisme (Paris, 1938), ainsi que celles de Karen Radkai - une des photographes majeures du groupe américain d'édition Condé Nast - au Bal de Beistegui (Venise, 1951). Très significatifs également sont les clichés d'Yvonne Halsman, épouse du célèbre portraitiste Philippe Halsman, qui témoignent du procès créatif de l'œuvre In Voluptate Mors (1951), révélant par ailleurs son regard cultivé et une maîtrise considérable du moyen photographique.

Pour conclure, les travaux de Marcia Keegan et de Michelle Vincenot montrent clairement que Salvador Dalí se servait de la photo pour documenter les actions et les événements artistiques qu'il organisait et qu'il s'y érigeait lui-même en œuvre d'art.

Les femmes deviennent visibles

L'enquête qu'ont menée à bien les deux commissaires, Rosa Maria Maurell et Bea Crespo, est le fruit d'une recherche exhaustive et, dans certains cas, digne de détectives, qui a permis de replacer les images, la plupart inédites ou peu connues, d'autres plus familières de notre imaginaire, dans leur contexte. En outre, un pan représentatif de la biographie de Dalí a été approfondi, de même que le binôme indissociable vie et œuvre, personnage et représentation.

Le travail de documentation auprès d'hémérothèques et d'archives, ainsi que les informations fournies par des proches de nos protagonistes - que nous incluons au chapitre Memorabilia du catalogue -, ont été fondamentaux pour que les biographies et les travaux qui nous occupent voient le jour. A quelques exceptions près, notamment Denise Bellon, Martha Holmes, Marcia Keegan ou Suzy Embo, obtenir des renseignements sur les photographes représentées s'est généralement avéré difficile. Quelques-unes, comme Gala et Yvonne Halsman, ont voué une grande part de leur énergie à exalter les carrières prometteuses de leurs maris respectifs et se sont toujours tenues avec discrétion au second plan. Karen Radkai, elle, s'est fait connaître avec ses travaux pour Vogue et, pourtant, sa carrière professionnelle n'a pratiquement pas été étudiée. D'autres, comme Valentine Hugo, Anna Laetitia Pecci-Blunt ou Gloria Braggiotti ont été estimées pour différentes facettes en rapport avec le monde de l'art, mais pas en tant qu'auteures de remarquables photos. Liselotte Strelow et Lies Wiegman, toutes deux originaires du nord de l'Europe, sont surtout connues dans leur pays d'origine, tandis que Barbara Sutro ou Michelle Vincenot demeurnt pratiquement inconnues du grand public.

Montage

Le montage de l'exposition a été conçu par Pep Canaleta, de 3carme33, et le graphisme par Alex Gifreu.

L'exposition est ordonnée chromatiquement, à la manière d'un pantone : chaque couleur est associée à une femme, laquelle, avec son appareil photo, capte un instant vécu avec Salvador Dalí. À commencer par les tons rougeâtres, le fond qui souligne bien des œuvres de Salvador Dalí, notamment dans la Salle du Trésor du Théâtre-musée Dalí de Figueres ; il sert ici de toile de fond aux photos de Gala. L'éventail de couleurs (terre, ocres, verts et bleus) évoque différents paysages sensoriels et nous rapproche d'une variété de situations et de lieux, tous habités par Salvador Dalí.

Catalogue

Le catalogue comprend des textes signés par Montse Aguer, directrice des Musées Dalí, Rosa M. Maurell et Bea Crespo, commissaires de l'expo, et aussi Imma Merino, journaliste culturelle, qui célèbre les vies passionnantes de ce groupe de femmes désireuses d'échapper aux modes de vie alors imposés aux femmes.

Selon elle, l'exposition est également une découverte, celle des photos que nous vous présentons aujourd'hui.

Au chapitre Memorabilia, sont rassemblés des témoignages de parents et de proches de certaines des photographes exposées, notamment Luc Dubos, Harmon Houghton, Irene Halsman, Oliver Rosenberg Halsman et Marton Radkai. Dans le cas de Suzy Embo, nous avons la grande chance de bénéficier du témoignage direct de l'auteure.

Le catalogue, conçu par Alex Gifreu, est parrainé par "la Caixa".

Parallèlement, du matériel promotionnel et de diffusion a été édité. Il s'agit de deux spots audiovisuels, exécutés par DocDoc Films, qui seront disponibles dès aujourd'hui sur le site web de la Fondation Dalí.